Deux textes de Rodrigo Garcia, consacrés à Borges et Goya, plus quatre groupes de musique, le tout pour 5 euros : voici l’affiche de la soirée Priz’Unique du 14 novembre à La Passerelle de Saint-Brieuc.
Chaque trimestre, la scène nationale La Passerelle à Saint-Brieuc organise des soirées « Priz’Unique ». Accessibles à un tarif très modique, elles permettent de découvrir des artistes méconnus, parfois expérimentaux, dans les disciplines musicales, chorégraphiques, théâtrales. À l’affiche cette fois-ci, quatre groupes (Shelley Short, Alexis Gideon, Dat Politics, Dj 2000) et une pièce de théâtre adaptée de Rodriga Garcia (Borges vs Goya). Une mise en scène de la compagnie Akté vue il y a quelques mois.
« Borges vs Goya »
Découvert à Rennes il y a dix ans lors du festival Mettre en Scène avec la pièce Conocer gente, comer mierda, Rodrigo Garcia est désormais un dramaturge et metteur en scène reconnu. Réputé pour ses diatribes anti-société de consommation, anti-corruption, anti-politique politicienne…, et pour ses mises en scènes iconoclastes et déjantées, l’Argentin a suscité depuis moult adaptations de la part de jeunes compagnies théâtrales. Rien de plus normal en cette époque où la soif de subversion est impossible à rassasier.
Sous le titre Borges vs Goya, la compagnie havraise Akté propose un collage de deux pièces publiées par Rodrigo Garcia en 2002 (Borges) et 2006 (Goya). Dans sa note d’intention, Akté explique que « l’emboîtement permet de laisser ouvertes toutes les pistes d’interprétation pour le spectateur : s’agit-il de deux hommes ou d’un seul ? Qui parle à travers leur prise de parole ? Dans quel temps et dans quel lieu sommes-nous ? » Des questions qui trouvent des réponses dans le spectacle même si le déluge, l’énergie et le chaos inhérents à l’écriture de Garcia nuisent parfois à la compréhension.
Le plateau est divisé en deux espaces connexes : Goya est un looser cinquantenaire qui veut claquer ses économies et s’introduire au Prado la nuit avec ses fils pour contempler, sous alcool et coke, les tableaux du maître. S’exprimant en espagnol, l’acteur lance les surtitres à l’aide d’un bouton-poussoir, impulsant son propre rythme au spectacle. À côté, Borges veut saccager la tombe de l’écrivain argentin, dont il a pris le nom, car il ne s’est pas opposé à la dictature militaire. Les deux acteurs (Arnaud Troalic et Julien Flament) s’ébrouent et éructent généreusement une heure durant pour donner vie à ces deux anti-héros englués dans « un système qui les dépasse ». « Où ils n’ont comme parade que la tchatche, où ils provoquent pour exister, crient pour être entendus, choquent pour être écoutés, sont nus pour être vus… », précise Arnaud Troalic, également metteur en scène de la pièce.
