Un mois après la fin du conflit à Chaffoteaux, un concert est organisé à Saint-Brieuc en soutien à la lutte des 206 salariés licenciés.
Le conflit qui opposait les salariés du fabricant de chauffe-eau Chaffoteaux et Maury, à Ploufragan (Côtes-d’Armor) à leur direction, s’est terminé à la mi-novembre, lorsque les premiers ont voté le plan social qu’ils sont parvenus à arracher à la seconde après plusieurs mois de grève, d’occupation de l’usine et de mobilisations diverses. Entreprise emblématique de la région de Saint-Brieuc, Chaffoteaux n’est plus que l’ombre d’elle-même : à la suite de ce dernier plan, 206 personnes ont été licenciées, et toute production est arrêtée sur le site de Ploufragan, où ne subsistent (pour combien de temps ?) que des activités de recherche-développement. Le maintien des emplois n’a pu être obtenu et le projet de constitution d’un « Climatpôle » autour des économies d’énergie n’est toujours qu’un projet. C’est sur les conditions des licenciements que la lutte a donc pesé, permettant de garantir une prime minimum de 25 000 euros à chacun, pouvant monter jusqu’à 90 000 euros en fonction de l’ancienneté — Chaffoteaux n’est pas une entreprise qui perd de l’argent, mais un des nombreux exemples récents de délocalisation de la production et des savoir-faire dans une optique comptable de réduction des coûts.
photo François Daniel
Si nous nous faisons l’écho de cette lutte ici, c’est qu’elle a été accompagnée d’actions artistico-politiques qui ont résonné tout l’été et l’automne dans le Pays de Saint-Brieuc. À l’initiative de l’ODDC (Office départemental de développement culturel, aujourd’hui ADCA), le photographe François Daniel a suivi les salariés tout au long de leur lutte. Deux séries de cartes postales ont été éditées et distribuées gratuitement à Saint-Brieuc et alentours. Intitulées « Projet d’été ? Se faire licencier » et « Projet de rentrée ? Se faire licencier », elles ont été une manière forte et efficace de faire connaître le conflit. Un blog accompagnait également ce projet, et un calendrier a été édité. Reprenant la vogue des calendriers de nu mais sans tomber dans l’esthétisme racoleur de ce genre d’exercice, il présente les ouvriers de Chaffoteaux, mis à poil par leur direction, dans une usine elle aussi vidée de ses machines. Le résultat, dans un sobre noir et blanc, est digne et percutant. Il peut être complété par un DVD reprenant photos et vidéos ainsi que la chanson « Porte 204 », composée par François Budet pour l’occasion et interprétée par les Chaffoteaux.
Si la lutte est finie, le soutien continue : outre les cartes postales, le calendrier et le DVD, qui seront bienvenus pour politiser la Noël, un concert est organisé vendredi 18 décembre à Saint-Brieuc. S’y produiront quelques groupes locaux à la langue bien pendue : High Voltage (reprises d’AC/DC), Écoute comme ça sent bon (chanson rock), Les Gens Normals (chanson) et OP Rats des Gueux (chanson).
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