Le quatrième album des Rennais de Santa Cruz contient les pépites que l’on attendait d’eux depuis longtemps.
Les précédents albums de ce collectif de huit musiciens rennais fondus de sons US (folk rock, country, blues…) laissaient sur sa faim. Un peu sopo, peut-être trop révérencieux envers ceux dont il se réclame : Springsteen, Tom Waits, Neil Young, REM, Vic Chesnutt, 16 Horse Power, Eels, Lambchop, Calexico, etc.
On cherchait la rare étincelle qui nous tirerait de la léthargie. On vient de la trouver avec ce quatrième album, A beautiful life (Range ta Chambre / Anticraft). Une pépite éclatée en onze titres et une grosse demi-heure. Santa Cruz a resserré le format de ses chansons sans sacrifier à la finesse mélodique, à l’extraordinaire diversité des sonorités, et à la palette d’ambiances — à la cool ou franchement énervée.
Le titre d’ouverture nécessite de pousser le bouton volume à fond. Slide entêtante, voix graves et traînantes, lames de guitare, rupture de ton… « Before the Rain » est une entrée en matière qui colle au plafond. Puis c’est « Happy and Safe », une ballade magnifique portée par un orgue, une pedal-steel et des carillons. Plus loin, on croit entendre le riff de guitare de « Heart Full of Soul » des Yardbirds (« Stopped on The Road »). Là c’est The Ex au ralenti dans un mix de free-rock saturé et de country-folk (« On The Loose »). Les voix de Bruno Green et Pierre-Vital Gérard se répondent ou se superposent, tantôt gutturales, tantôt chuchotées, tressautantes ou sifflées. Les arrangements sont millimétrés et augurent d’une création scénique palpitante aux prochaines Tombées de la Nuit.