La programmation d’Art Rock 2012 est moins dense qu’à l’habitude, restrictions budgétaires obligent. Mais elle a de beaux restes, notamment sur la petite scène du Forum.
Jean-Michel Boinet, directeur du festival Art Rock, a présenté vendredi 2 mars la programmation de la 29e édition du festival Art Rock, qui se déroulera à Saint-Brieuc du 25 au 27 mai. Trois jours cette année : plus de soirée spéciale du jeudi. Pas de carte blanche. Pas de grande exposition dans les locaux de l’ancien Monoprix non plus… On s’était habitué à ces événements qui donnaient à Art Rock une saveur supplémentaire et originale. Las, les budgets ne sont pas à la hauteur. Le conseil général, qui n’a pas encore annoncé le montant de sa subvention, a fait savoir qu’elle serait en baisse, étranglé qu’il est par des dépenses obligatoires (sociales notamment) que l’État ne compense pas comme il devrait. L’État qui menace carrément de ne plus subventionner Art Rock dont il ne reconnaît plus la pluridisciplinarité. Et pourtant : malgré cette formule resserrée sur les fondamentaux, le festival reste ce qu’il a toujours été. Une fenêtre ouverte à bien plus que la musique, accueillant théâtre de rue, danse, arts numériques, vidéo et, depuis quelques années, gastronomie, et dont bon nombre des manifestations sont gratuites.
Commençons donc par ce qui fait la spécificité d’Art Rock, et qui devrait ravir les habitués : le retour, pour la création de sa nouvelle pièce Rue de la chute, de la compagnie nantaise Royal de Luxe, qui promet un western débridé. Espérons que le propos sera tout de même un peu plus étoffé que celui des Cauchemars de Toni Travolta, insipide pochade créée elle aussi à Saint-Brieuc en 2008, et qui faisait pâle figure après la présentation, l’année précédente, de la reprise de Roman photo, toute première pièce de la compagnie, par les Chiliens de La Gran Reynata. Retour encore pour Philippe Decouflé qui, pour son quatrième passage à Art Rock, proposera un Panorama de ses créations des années 1980. Découverte, avec le jeune chorégraphe américain Daniel Linehan et son Zombie Aporia, qui mêle chant et danse contemporaine.
Côté musique, plusieurs retours également, dont on n’attend à vrai dire pas grand-chose : Charlie Winston, Dionysos et Thomas Dutronc, tout comme les autres têtes d’affiche de la grande scène (Étienne de Crécy, Moriarty, Stephen Marley, Shaka Ponk), sont chargés de porter la vente des forfaits trois jours sans pour autant apporter grand-chose d’original à la programmation. Il faut bien vivre, et l’on comprend ces nécessités vu le contexte. D’autant qu’il reste quelques noms attirants sur cette grande scène (Ibrahim Maalouf, dont on se demande pourquoi il n’est pas sur une scène plus appropriée, Sharon Jones & The Dap-Kings, Orelsan, Theophilus London, 1995, C2C). Et pour les plus curieux encore, on se retrouvera au Forum, où se font les vraies découvertes d’Art Rock. Avec les régionaux d’Acapulco 44, Juveniles et Mansfield.TYA, on brosse déjà un intéressant spectre alliant rock, pop et new wave. On pourra mêler ça à d’autres saveurs hip hop, heavy ou psyché avec Spoek Mathambo, Brns, Breton ou Rover.
Malgré la crise, deux volets sont maintenus, pour le plus grand bien des papilles et des neurones des festivaliers : Rock’n Toques, la restauration qui décoiffe par les chefs de Saint-Brieuc et alentours, et les rencontres musique et littérature animées par Bernadette Bourvon. Samedi, « La piste aux étoiles » fera dialoguer Christophe Pirenne, auteur d’Une histoire musicale du rock (Fayard), avec Gilles Verlant et Denis Roulleau (Culture rock L’Encyclopédie, Flammarion). Dimanche, « Des visages des figures » recevra Lydie Salvayre (Hymne, Le Seuil), Vincent Brunner et Luz (Rock Strips come back, Flammarion) et Francis Métivier (Rock’n Philo, Bréal).
Art Rock 2012, du 25 au 27 mai à Saint-Brieuc. Forfait trois jours : 75€, grande scène : 65€, journée : 38€.
Vous pouvez télécharger ici le programme complet et le dossier de presse.
À retrouver dans la série : Art Rock 2012
- Le charme tonique d’Ibrahim Maalouf (25 avril 2012)
- Art Rock : une 29<sup>e</sup> édition resserrée sur les fondamentaux (3 mars 2012)