Crossover. Les Anglais ont souvent le chic et le bon sens pour définir en un seul mot à la fois une attitude, une démarche, une réalité. Et avec ses croches ouvertes, Olivier Mellano fait résolument partie de ces artistes transversaux, aussi à l’aise dans la pop-rock que l’électro, la musique classique ou contemporaine. Il le prouve une fois encore avec un projet qui lui tenait à cœur depuis quelques années : La Chair des Anges, étonnant album qui se promène entre Bach et Arvo Pärt, Arto Lindsay et John Cage. Pièces pour orgue, sept guitares, une basse électrique et deux voix ou encore pour clavecin ou quatuor à cordes, ça foisonne côté compositions.
Emmenée par des complices et pointures, dont le claveciniste Bertrand Cuiller et le toujours impeccable Quatuor Debussy, la production instrumentale est de haute fidélité. La musique est organique, charnelle plus que visuelle, le travail harmonique se fond admirablement dans une recherche sonore jamais absconse. L’écueil aurait pu être un disque fourre-tout, un paradis artificiel qui retombe trop vite, mais La Chair des Anges reste toujours en apesanteur, tout en étant sensitif et prégnant. Guitariste de Dominique A et cofondateur du groupe Mobiil, Olivier Mellano a su alterner pièces tonales, apaisées, sensuelles et furias sonores passionnées, surprenantes.