Immersion dans la programmation des Transmusicales

La programmation des 30e Rencontres Transmusicales, qui se dérouleront du 3 au 6 décembre à Rennes et alentours, a été dévoilée le 18 septembre dernier. Compte-rendu précis et dense par notre envoyée spéciale au milieu des enceintes.

Transmusicales 2009 — affiche petiteRennes, le 18 septembre : à l’extérieur de l’Ubu c’est encore le matin. Passées les portes de l’Antre, « on the other side », c’est un autre espace-temps qui attend journalistes et partenaires. Dans quelques minutes le rideau tombera, dévoilant la programmation des Transmusicales 2008, qui se tiendront du 3 au 6 décembre. Rendez-vous incontournable des aficionados des musiques actuelles internationales. La curiosité est palpable. L’ambiance claire obscure est proche de celle d’un soir de concert. Dans la fosse, des tables et des chaises, dans les verres le café remplace la bière. Ça y est, tout le monde est installé. La cérémonie peut commencer. Après avoir éteint toute rumeur quant à d’éventuelles festivités commémoratives pour les 30 ans (finis les pronostics hasardeux genre Noir Désir), Béatrice Macé, la directrice de production, évoque les nouveautés et les lignes transversales de cette nouvelle édition.

Le festival poursuit son ancrage en centre ville : l’Ubu rejoint la salle de la Cité et le 4 Bis (qui fera de nouveau la part belle aux artistes émergents du grand Ouest). Le village retrouve l’esplanade Charles-de-Gaulle. Les après-midi et débuts de soirées seront donc urbains. Un juste retour à la normale pour ce festival historiquement inscrit dans le centre ville de Rennes. L’autre plus de cette année : une programmation visuelle (en collaboration avec les associations Clair Obscur et Comptoir du Doc) à la Parcheminerie et au Gaumont dans sa nouvelle version multiplexe. De nombreux films, courts-métrages, documentaires… dessineront la carte des ces musiques évolutives toujours actuelles. Les conférences du Jeu de l’Ouïe aux Champs Libres reviendront sur l’apport tout européen dans l’évolution de ces scènes musicales depuis les années 50. Les Trans ont presque depuis toujours déniché des artistes de tous horizons musicaux et géographiques mais cette année le sous-titre «Chroniques actuelles» souligne leur implication internationale. Avec près de 90 propositions artistiques en provenance de près de 30 pays dont une large vingtaine en Europe, le festival s’inscrit plus encore dans cette orientation et joue ainsi sa carte culturelle dans le cadre de la Présidence française de l’Union Européenne.

DJ Le Clown

DJ Le Clown

Faisant fi de toute nostalgie, la musique va de l’avant, recycle, invente, se métamorphose. Ainsi vont les Trans. Sons et anecdotes à l’appui, Jean-Louis Brossard (le directeur artistique), à demi caché par les platines et la montagne de Cd’s qu’il a apportés, commence par faire écouter quelques-unes de ses découvertes. Chacun s’empare alors d’un stylo et annote sa liste de noms, pour la plupart inconnus, soulignant ses propres coups de cœur parmi ceux du MC. L’impatience veut que l’on prenne connaissance de la programmation plus vite que la musique, à la recherche d’un nom connu. Et de la pêche aux noms, on ne revient pas tout à fait bredouille : certains ont par le passé déjà investi les scènes du festival. Parmi ces revenants pas zombies, on retrouve Birdy Nam Nam et Missil (lives avec invités), Solange la Frange, DJ Le Clown (photo), South Central (DJ set), Sinden. Sans oublier Morpheus aka Samy Birnbach, dont la voix n’a pas pris une ride depuis Minimal Compact et qui chantera cette année en compagnie du duo électro pop The Penelopes. Ils viennent de passer une semaine en résidence à l’Ubu. Autre résidence, à venir, au centre culturel L’Aire Libre de Saint-Jacques de la Lande, avec un projet des plus alléchants qui s’annonce aussi visuellement captivant : la création Orca (Iles Féroé) featuring Yann Tiersen (île d’Ouessant). Des sons étranges et étonnants, mécaniques et poétiques tirés d’instruments fabriqués par l’un des musiciens. Ne pas louper la première partie de ces quatre représentations : Budam, originaire lui aussi de ces îles mystérieuses et sauvages pour un concert plutôt cabaret et surtout pour sa voix à donner des frissons dans la lignée de Tom Waits…

Mercredi 3 décembre

Le difficile problème du choix se posera dès le mercredi 3, car au même moment à l’Ubu se produiront Goran Gora (folk rock, Lettonie), les étonnants Micachu and the Shapes (pop expé, GB). Juste avant, les heureux libérés des obligations laborieuses pourront profiter du rock énergique et tout fou des Wankin’Noodles et du one man band Rotor Jambreks au 4 Bis.

Jeudi 4 décembre

Cage the Elephant

Cage the Elephant

Il faudra être véloce pour aller de salle en salle : Alex Grenier (hip jazz électro groovy), John & Jehn (duo pop indie, Fr - GB) ; Esser (et sa palette aussi bigarrée que celle de Beck, GB) ; The Popopops (pop garage très fuzz par de tout jeunes rennais qui inaugureront le Hall 4) ; le rock qui déménage de Cage The Elephant (photo) («très bons sur scène», souligne Jean-Louis Brossard ; ils ont fait une première partie de QOTSA, c’est bon signe aussi, USA) ; l’électro punk frénétique de Deathset (la nouvelle signature Counter Records, USA) ; la pop alternative dont la voix n’est pas sans rappeler celle de Nico de Envelopes (Suède) ; Maths Class (GB) et leur pop rock électro core tout en reliefs ; le duo électro Blamma Blamma (GB, annoncé comme «une tuerie électro-rock»). Les amateurs de Chippendales se régaleront devant les californiens Iglu & Hartly, les autres jetteront un œil amusé à leur hip hop nouvelle vague a priori un peu trop bodybuildé et clinquant.

Vendredi 5 décembre

Bon Iver — photo Sarah Cass

Bon Iver — photo Sarah Cass

L’après-midi de vendredi 5 s’annonce encore plus dense, trop ! On rêve d’acquérir d’ici là le don d’ubiquité afin d’être à la fois à l’Ubu et à la Cité pour profiter de leurs belles déclinaisons pop-rock. Teintées d’électro et très mouvant avec les hongrois Hangmas (garage électro punk indie), les rennais Nag Nag Nag (pop rock en français et en anglais), les délirantes finlandaises Le Corps Mince de Françoise et leurs morceaux popélectrock super ludiques et dansantes. Plus posé à la Cité mais tout aussi tentant : le canadien de saison Bon Iver (folk lo-fi, quelle voix !), les anglais Sister (rock indé avec un chant féminin aux accents de Lou Reed et Marianne Faithfull) et Sammy Decoster qui a déjà joué à l’Ubu et sera aussi à L’Antipode le 31 octobre. Un garçon qui fait sonner ses chansons folk blues en français comme de l’américain. Du côté des halls du Parc Expo : Magistrates (indie rock et funk, GB) ; White Rabbits (belles mélodies pop rock, USA) ; Miss Platnum la diva roumaine et son hip soul de l’Est, ses rondeurs et son titre phare «Give me the food». Les formations électro, hip hop, afro-beat, les DJ sets que l’on retrouve traditionnellement le samedi font leur apparition dès le vendredi soir : parmi elles les remix électro rock de The Shoes (version DJ de The Film).

Samedi 6 décembre

The Residents

The Residents

Le samedi 6 ne sera pas exclusivement électronique. Au 4 Bis : 64 Dollar Question (rock sous tension), The Summer of Maria False (dans la veine brit pop dance), Nola’s Noise (camaïeu de blues folk punk bebop… emmené par une chanteuse phénomène). A l’Ubu : De Portables (la pop alternative de ces Belges est paraît-il beaucoup plus débridée sur scène que sur album), les chansons électro folk lo-fi bricolées de Gablé, et la folk pop lyrique assez délurée des français The Bewitched Hands on the Top of our Heads. A la Cité : chanson soul nu jazz avec les rennais Ka Jazz (chant, contrebasse, beat box) ; spoken word afro-funk par Anthony Joseph & The Spasm Band accompagnés par le tromboniste de Defunkt Joe Bowie (non, ce n’est pas le frère de) et peut-être un autre illustre invité… Au Parc Expo parmi la pléiade d’artistes estampillés électro, techno, hip hop dont le fameux Diplo (entre autres producteur de Santogold, USA) qui avait fait faux bond aux Trans il y a deux ans, l’imparable japonais Hifana aux prestations improvisées impressionnantes et le sud africain DJ Mujava, se cachent quelques pépites rock. Les légendaires et mystérieux américains The Residents (40 ans de carrière mais de rares concerts) et leur rock expérimental dans la lignée des autres excellents Captain Beefheart. Et en provenance d’Austin les très attendus The Black Angels, du rock psychédélique, très trippant que ne renieraient pas le Velvet et le 13th Floor Elevator.

Pour découvrir tous ces groupes et la quarantaine non citée, afin d’entrer dans le vif de l’inconnu, rien de mieux qu’une balade d’internaute via les Myspace et autres Youtube.

Programmation complète sur : www.lestrans.com
La Tournée des Trans : du 12 au 29 novembre dans les salles du grand Ouest pour découvrir en amont des groupes émergents qui se produiront lors du festival. Lire en particulier notre interview de Minitel Rose ci-dessous.
À retrouver dans la série : Transmusicales 2009
Article précédemment paru dans « La Griffe » Lettre d’infos nº2 (octobre 2008)
Valérie Tabone